L’économie à plusieurs vitesses : le cas des Länder allemands

    Alors que le débat sur la construction d’une éventuelle « Europe à plusieurs vitesses » s’intensifie à quelques jours des 60 ans du Traité de Rome, Voix d’Europe revient sur le cas particulier des régions allemandes qui présentent des niveaux d’économie parfois très différents.

   Si l’idée d’une « Europe à plusieurs vitesses » a bel et bien émergé dans l’esprit des hommes politiques d’outre-Rhin, l’ironie du sort est telle que c’est au sein même de l’Allemagne que l’on observe les plus importantes disparités économiques, ouvrant ainsi la voie à un écart de croissance entre les Länder allemands.

   Malgré la réunification allemande en 1990 et l’ascension économique de l’Allemagne de l’Est depuis cet évènement historique, des différences subsistent entre les régions Ouest et Est allemandes – l’Ouest de l’Allemagne étant plus dynamique et plus attractive sur le plan économique que l’Est. Outre les raisons historiques liées à ce phénomène, c’est plutôt la différence de « culture économique » entre les Länder (les régions allemandes) qui semble à l’origine de cette situation.

Les branches les plus dynamiques principalement présentes dans trois Länder

   En effet, les Länder allemands se caractérisent notamment par la structure de leur économie et, par conséquent, par leur contribution au Produit Intérieur Brut (PIB) du pays. Certaines régions jouissent d’une position économique très confortable dans la mesure où elles concentrent sur leur territoire des activités dynamiques considérées comme étant un vrai moteur pour la croissance. C’est le cas, par exemple, des Länder tels que la Rhénanie du Nord-Westphalie et du Bade-Wurtemberg à l’Ouest – deux acteurs économiques considérables – qui jouent un rôle majeur dans l’exportation de biens et de services industriels allemands. Ce sont également dans ces régions que les secteurs de l’automobile, de la construction mécanique, de la chimie et de l’électrotechnique sont les plus développés ; les villes de Stuttgart et de Cologne sont d’ailleurs connues pour accueillir les sièges sociaux de Mercedes-Benz et Ford. A l’Est, seule la Bavière se distingue de ses voisins : de nombreuses firmes multinationales allemandes ont installé leur siège à Munich, faisant de la région Est-allemande un véritable site d’affaires économiques.

L’industrie, moteur de croissance

   Le très fort dynamisme économique à l’Ouest de l’Allemagne s’explique donc en partie par l’activité soutenue de la Rhénanie du Nord-Westphalie, et notamment de la région de la Ruhr (Ruhrgebiet), le premier bassin industriel d’Europe de l’Ouest, sur son territoire. En sa qualité de conurbation de plusieurs millions d’habitants, la Ruhr bénéficie d’une position privilégiée en Europe (elle se situe entre autres au cœur de la mégapole européenne et est bordée par des ports fluviaux dynamiques) et constitue la plus importante région industrielle et urbaine d’Allemagne. En outre, sa force économique repose sur des villes à fort potentiel comme Duisbourg, Essen, Bochum ou encore Dortmund.

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  Néanmoins, la région de la Ruhr est aujourd’hui en reconversion : l’exploitation du charbon devenant de plus en plus coûteuse, la Ruhr doit désormais faire face à de nouveaux défis économiques et environnementaux tout en essayant de conserver son dynamisme. Preuve que des différences de vitesse économique existent au sein même de certains Länder allemands…

L’Est à plusieurs vitesses : l’exemple de la Bavière et du Mecklembourg-Poméranie occidentale

  L’Allemagne de l’Est possède la particularité de faire cohabiter deux régions aux antipodes l’une de l’autre sur le plan économique : le Mecklembourg-Poméranie occidentale au Nord et la Bavière au Sud.

   Le Land Mecklembourg-Poméranie occidentale se caractérise par une faible densité de population ainsi qu’un taux de ruralité élevé, favorisant par conséquent le développement du secteur primaire et l’économie agricole. Malgré les avantages que peuvent présenter les activités et la situation géographique de la région (la Mer Baltique constitue entre autres une plateforme d’échanges avec les pays nordiques), le Mecklembourg-Poméranie occidentale peine à s’imposer au niveau économique et souffre de son isolement vis-à-vis des grands axes terrestres de communication transeuropéens.

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   La Bavière, quant à elle, enregistre des performances économiques impressionnantes. En effet, l’économie bavaroise est en pole position au niveau national et accueille les plus grands noms des secteurs du commerce, de l’industrie et des services, tels que Adidas, BMW, Audi ou encore Allianz. Le Land possède de nombreux atouts économiques attirant chaque année de plus en plus d’investisseurs à la recherche de partenaires ou de fournisseurs. De plus, la Bavière dispose d’infrastructures de pointe dans les domaines de l’énergie, du transport et de la télécommunication ; autant de points forts qui lui permettent s’imposer en tant que puissance économique de l’Est du pays.

   En conséquence, l’exemple d’une « Allemagne à plusieurs vitesses » montre bien que les disparités économiques ne sont pas toujours voulues ou subies, mais qu’elles peuvent aussi être le fruit d’une culture de l’économie propre à une région. Il faudra cependant attendre encore quelques années pour voir les niveaux économiques de l’Allemagne de l’Ouest et l’Allemagne de l’Est se rapprocher vraiment…

Virginie CARDOSO

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